Une nouvelle étude française chamboule nos connaissances sur la santé cardiaque et respiratoire chez les chiens, grâce à un tout nouveau dispositif basé sur l’IA.

Nos connaissances sur les chiens et leur santé cardiaque et respiratoire sont-elles erronées ? C’est en tout cas ce que semble avoir découvert une équipe de recherche française, menée par Valérie Chetboul, Professeure agrégée à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort.

Réalisée sur plus de 700 chiens de 114 races différentes, Valérie Chetboul et son équipe de recherche ont utilisé un nouveau dispositif de santé connecté non invasive, le Biotracker GPS conçu par l’entreprise française Invoxia. Cet appareil contient des algorithmes qui détectent les vibrations induites par le cœur (battements cardiaques) et les mouvements respiratoires.

Cette étude, menée sur plusieurs mois, a montré que les valeurs que nous avions concernant la fréquence cardiaque et la fréquence respiratoire des chiens étaient nettement au-dessus des valeurs réelles.

À titre d’exemple, les chercheurs ont observé que la fréquence cardiaque médiane des chiens adultes était de 59,1 bpm (battement par minute). Une valeur bien loin des normes souvent citées de 70 à 120 bpm.

Valérie Chetboul, auteure principale de l’étude publiée le 15 septembre 2025 dans la revue Frontiers s’est prêtée au jeu des questions-réponses avec notre rédaction.

Science & Vie : Quel a été le point de départ ou le déclencheur de cette étude ?

Valérie Chetboul : J’ai toujours été fan des objets connectés, comme l’Apple Watch, qui est capable de diagnostiquer des arythmies mortelles chez l’humain, notamment la fibrillation atriale, une cause majeure d’AVC. D’ailleurs, l’Apple Watch a récemment été approuvée par la FDA [ndr, Food and Drug Administration, une agence américaine] pour le diagnostic de cette arythmie et son usage dans les essais cliniques. Je me disais que ce serait incroyable d’avoir un dispositif similaire pour les chiens, ou même pour d’autres espèces.

S&V : Dans votre étude, vous mentionnez que la santé cardiaque des chiens est devenue un enjeu, à partir de quand cela a-t-il été le cas ?

V.C. : Elle l’a toujours été, mais on en avait moins conscience auparavant. Environ un chien sur dix consulté par un vétérinaire généraliste souffre d’une maladie cardiaque. C’est ce qui nous a permis de réaliser, au fil du temps, que la santé cardiaque des chiens représente un enjeu majeur, en raison de la forte prévalence de ces affections. Elles sont souvent graves, très variées selon les races, et peuvent entraîner la mort.

S&V : Pouvez-vous expliquer comment fonctionne le Biotracker GPS ?

V.C. : L’appareil se place autour du cou du chien, fixé à son collier, et utilise la sismocardiographie pour détecter les vibrations du cœur et de la respiration. Pour des mesures précises, le chien doit rester immobile environ 40 secondes pendant que l’appareil enregistre sa fréquence cardiaque et respiratoire. Si le chien bouge, l’appareil arrête la mesure et reprend plus tard, généralement entre 10 et 15 minutes. Ainsi, on peut obtenir 1 à 2 heures d’enregistrement par jour.

S&V : Comment sélectionnez-vous les chiens qui participent à ce type d’étude ?

V.C. : Quand une personne achetait un Biotracker GPS, elle devait remplir un questionnaire de manière anonyme. Comme précisé dans l’étude, les réponses provenaient des données fournies par les propriétaires, via Invoxia, une fois qu’ils avaient accepté que leurs données soient utilisées.

Parmi les questions posées figuraient : « Est-ce que votre chien a mal ? », « A-t-il des soucis cardiaques connus ? », « Le trouvez-vous essoufflé ? ». Si l’une des réponses à ces questions était positive, le chien n’était pas inclus dans l’étude.

S&V : En quoi vos découvertes pourraient-elles changer la pratique vétérinaire ?

V.C. : Cette étude va changer la pratique vétérinaire, car ces nouvelles données permettront de revoir à la baisse les seuils de référence. Nous disposons actuellement de recommandations pour différentes maladies cardiaques chez le chien ou le chat, et celles-ci pourront être ajustées pour améliorer les diagnostics. C’est justement ce sur quoi je travaille actuellement : redéfinir les seuils de santé cardio-respiratoire.

De plus, les données collectées par le biotracker GPS permettent de détecter plus tôt les problèmes cardio-respiratoires chez les chiens et les chats.

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