Au salon Viva Technology qui s’est tenu du 16 au 19 juin 2021 à Paris, l’entreprise Royal Canin a présenté un outil destiné à offrir une alimentation personnalisée pour les chiens et les chats, en utilisant algorithme et datas.
Du 16 au 19 juin 2021 se tient à Paris le salon Viva Technology, trois jours de conférences et d’expositions dédiés à l’innovation et à la high-tech. L’entreprise Royal Canin, spécialisée dans l’alimentation des animaux de compagnie, y présente Individualis. A coups d’algorithme et de datas, ce service veut offrir une alimentation sur mesure pour les chiens et les chats.
La croquette personnalisée obtenue par algorithme
Royal Canin est une société qui, il y a 53 ans, a été créée par Jean Cathary, un vétérinaire français qui voyait en la nutrition un facteur important de la bonne santé d’un animal, l’idéal étant une alimentation spécialisée pour chaque spécimen. Mais il y a près de 60 ans, les avancées scientifiques ne permettaient pas d’aller au-delà d’une certaine personnalisation du produit. Aujourd’hui, les algorithmes et le brassage de quantités astronomiques de données ouvrent de nouvelles possibilités aux industriels de tous bords. « Il s’agit d’aller un cran plus loin grâce aux outils qui sont disponibles », acquiesce Pierre-Charles Parsy, vice-président de la transformation digitale à Royal Canin. L’entreprise a lancé, il y a plus de dix ans, un projet baptisé Individualis. Après sept ans de recherche et développement et trois ans d’études cliniques, elle a atteint son objectif : la croquette personnalisée.
Du point de vue du vétérinaire (l’outil n’est pas directement accessible aux particuliers), l’algorithme – nommé Nutribrain – se traduit de manière simple, sous forme de questions permettant d’établir le profil de l’animal. Mais en amont, lors du développement, Royal Canin affirme avoir identifié tous les points de données, concernant les chiens et les chats, qui peuvent s’avérer utiles pour la réalisation de l’aliment personnalisé. Pour le moment, Individualis n’en exploite qu’entre 25% et 30%. Engranger ces points de données équivaut à multiplier la précision de l’outil et donc à affiner la recette. Il a aussi fallu construire l’outil en récoltant des informations auprès d’animaux bien réels présents dans les centres animaliers de l’entreprise et dont les comportements sont scrutés. D’autres informations ont été collectées auprès de propriétaires volontaires. De quoi nourrir les bases de données de l’outil. « Mais un algorithme devient efficace que d’une seule façon : en se confrontant encore et encore à des situations réelles », remarque Pierre-Charles Parsy. Durant trois ans, Individualis a donc été soumis à des études cliniques pour se perfectionner auprès d’une quinzaine de vétérinaires.
Une recette établie par un algorithme
Présenté à la cinquième édition de Vivatech et lancé à grande échelle en France en fin 2019 puis en 2020 en Allemagne et au Japon, cet outil équipe désormais plusieurs centaines de cliniques vétérinaires. Concrètement, le praticien intégré au programme accède à une plateforme sur laquelle il va remplir des informations clés concernant un animal (race, âge, poids, stérilisation, facteurs de risque, pathologies déjà développées…). « Il rentre toutes ces informations dans l’infrastructure digitale qui lui a été fournie et après, pendant 90 à 180 secondes, l’algorithme va calculer la recette adaptée à l’animal », explique Pierre-Charles Parsy. L’aliment ainsi proposé consiste en l’assemblage d’éléments primaires – ou croquettes primaires – pouvant être associés les uns aux autres en proportions variées suivant les besoins de l’animal afin de créer un aliment complet. C’est donc l’algorithme Nutribrain qui détermine la proportion de croquettes primaires devant être assemblées.
Le propriétaire décide ensuite s’il accepte l’alimentation personnalisée qui peut fonctionner sur la base d’un abonnement. La vente est uniquement réalisée par le vétérinaire (qui fixe lui-même le prix) et la « solution » est livrée à domicile ou chez le praticien. « La recette peut évoluer au cours du temps par exemple si l’animal ne présente plus de surpoids où si le propriétaire déménage d’un milieu urbain à un milieu rural », explique M. Parsy. L’outil se veut donc à la fois préventif et curatif.
A noter qu’Individualis n’est pour le moment adapté qu’aux chats et aux chiens adultes (dès 15 à 18 mois) et que le catalogue de prix que le vétérinaire fixe peut varier suivant l’espèce ou encore la taille de l’animal. Alors M. Parsy tempère : « La recommandation ne doit pas se faire uniquement sur du Royal Canin Individualis. Il faut être rationnel et nous pensons donc que tout ne doit pas amener à cela. Il doit exister un équilibre entre la solution individualisée et une autre qui peut convenir et être moins coûteuse ». Le propriétaire reste de toute manière le dernier décideur… avant qu’une telle personnalisation ne devienne peut-être la norme.
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