Dans sa ferme de Bovel, David Paboeuf teste depuis plusieurs mois le robot XO, développé par la société Octopus. Pour l’éleveur de poulets, la robotisation est une évidence. 

Dans son atelier volaille de la ferme de Trefleur, David Paboeuf, exploitant à Bovel (35), a un œil sur son robot XO. L’engin parcourt les allées du poulailler sans perturber les poulets de chair qui y grandissent. Son boulot, c’est la scarification de la litière. « Il travaille sept jours sur sept et 365 jours par an », sourit l’éleveur. Un atout majeur pour le confort de l’animal.

Intérêt technique et économique

En travaillant la litière, le robot permet qu’elle reste sèche en permanence. Sèche et meuble. « Il n’y a que du positif. Ca permet de conserver de la chaleur, ça aide à limiter les pododermatites. » Plus de rempaillage. « Refaire la litière est une contrainte physique et économique. Avec le robot, on est tranquille. C’est intéressant techniquement et ça aura un impact économique. »

Résultat, l’éleveur et ses salariés n’ont plus cette contrainte laborieuse et se concentrent sur la technique. « On devient plus pointu dans la relation avec l’animal. » D’autant que depuis qu’il teste ce robot depuis 8 mois, David Paboeuf est en relation constante avec l’entreprise Octopus. « Il faut aimer essayer et toujours chercher à améliorer l’outil. »

Le robot, une évidence

La robotisation est une évidence pour David Paboeuf. Quand il s’est installé en 2015 avec son épouse Tiphaine, il misait sur le salariat et la robotique. « J’adapte l’exploitation à mon rythme. » Et pas l’inverse. « Ca reste un métier de passion. « Avoir des salariés et des robots, c’est pour ne pas être contraint par l’astreinte. Il est essentiel d’avoir un équilibre entre la ferme, la vie de famille, la vie sociale. »

Installé en 2015, le premier robot de David Paboeuf est arrivé… en 2015. « Je n’aime pas être piégé avec une contrainte horaire. N’importe quelle contrainte d’ailleurs. On ne peut pas passer le scarificateur, faire des papiers, gérer la température des bâtiments, prendre soin des animaux, tout en même temps. »

David Paboeuf ferme Trefleur Maure de Bretagne
La scarification régulière permet de maintenir une litière sèche. ©Bertrand Dumarché

Et que ce soit l’exploitant ou les salariés, priorité à la qualité de vie. Et à la technique. « Le robot, c’est l’assurance de pouvoir se concentrer sur la technique. C’est cette double priorité qui m’intéresse. Fournir un travail pointu avec une bonne qualité de vie et des salaires décents. »

L’enjeu sanitaire

Diminuer la pénibilité et améliorer le résultat. « En amenant de la technicité, on amènera de la compétitivité. » Et ça commence par les outils simples. « Par exemple pour la température du poulailler. Aujourd’hui, les bâtiments se règlent à 0,2 °C près. »

Mais au-delà de la technique, se pose un enjeu sanitaire. « Il y a une pression environnementale et sanitaire, c’est évident. Mais il en va aussi de notre intérêt d’éleveur. Par exemple, des poulets morts oubliés dans l’élevage, ça peut être source de botulisme. » Et le robot peut, encore une fois, aider l’éleveur. XO est aujourd’hui capable, grâce à l’intelligence artificielle, de repérer les poulets morts dans l’élevage.

Un robot qui remplace les corvées quotidiennes

« Notre objectif est de faire des outils qui servent les éleveurs », explique Bertrand Vergne, président de la société Octopus (Auray) qui développe le robot XO. Et la relation avec l’agriculteur est essentielle « On a besoin de l’œil de l’expert aviculteur pour améliorer notre outil. »

XO est un robot multitâches. « Il fait ce que nos grands-parents faisaient en passant de longues heures dans les poulaillers. » Il observe les animaux grâce à l’intelligence artificielle, il scarifie la litière et peut diffuser des produits dans le bâtiment. « Il remplace les corvées quotidiennes. »

Bertrand Vergne robot XO Octopus Auray
Bertrand Vergne, président de la société Octopus à Auray. ©Bertrand Dumarché

Une co-construction locale

Dans l’entreprise Octopus, la valeur ajoutée, c’est la matière grise. Certes, dans les locaux d’Auray, le robot est assemblé. Mais c’est surtout ici que le logiciel est injecté dans la machine. Et l’équipe travaille en permanence à l’amélioration du système. « On travaille en coconstruction avec des entreprises de la région. Loudéac, Dol-de-Bretagne, Vitré, Châteaubriant… pour les matériaux qui constituent le robot. »

D’échecs en succès

Créée en 1987, la société a d’abord développé un dispositif pour la désinfection des hôpitaux. Utile en temps de pandémie. Un système de crise qui n’a pas trouvé son marché. « Le robot a alors été adapté pour les bâtiments avicoles. » Sans succès au départ.

Quand il a repris l’entreprise en 2020, Bertrand Vergne était convaincu par l’intérêt de robotiser la scarification dans les élevages. L’ingénieur en productions végétales, passé par le médical et le spatial s’entête. Malgré la pandémie de Covid, la grippe aviaire, la rupture des composants électroniques… il croit en son produit. « Le seul sur le marché. »

Convaincre

Autre coup dur, la guerre en Ukraine. Avec la Russie, le pays représentait le plus gros marché de l’entreprise. « J’étais là-bas un mois avant le début du conflit. » Et puis finalement tout est allé très vite. « Après une présentation au Space en 2021, nous avons repris des tests, revu les protocoles. » Pour aboutir aujourd’hui à un robot performant et fiable.

« Nous avons l’outil, il faut maintenant convaincre. » Pas facile dans une filière qui n’a pas forcément les capacités d’investir et peu de perspectives. En tout cas en France. « Notre activité est basée à 90 % à l’export. Notamment en Asie et au Moyen-Orient. Malgré tout, j’ai la foi, comme mon équipe. Ce qu’on fait est une évidence. La question est « quand le marché va-t-il l’accepter ? » Et pour ça, il faut redonner confiance aux éleveurs. »

 

 

Élevage du futur

Bertrand Vergne en est convaincu, le marché du poulet et le marché du futur. « Mais ça passe par une prise en compte de la hausse des coûts de l’énergie, du bien-être animal, un effort sur la biosécurité, les normes environnementales. Tout ce que la filière avicole est en train de faire. »

Aujourd’hui, la société Octopus est à un tournant. « Nous sommes là pour répondre à une demande sociétale. Et notre mission est d’accompagner la filière avicole dans ce défi. »

Du progrès

Après une priorité à la location du robot XO, Octopus privilégie aujourd’hui la vente de l’outil. « Il faut que le robot soit rentable. » Et l’entreprise mise sur un travail en partenariat étroit avec les éleveurs, « dans une démarche de progrès », pour accroître les performances de l’outil. « Il y a encore de l’optimisation à venir ».

« Il faut que cette technologie soit une évidence », plaide Bertrand Vergne. La plupart des éleveurs en ont compris l’intérêt, mais manquent de perspectives dans la filière. Alors il faut convaincre. « On sait que ce qu’on fait a un sens. Il faut montrer que la robotique est une réalité. Changer le modèle. »

Et après des années de travail pour développer XO, Bertrand Vergne le martèle : « Innover c’est souvent faire une rupture ». L’aviculture est-elle prête ?

Source : https://actu.fr/bretagne/bovel_35035/xo-le-robot-scarificateur-au-service-de-leleveur_60454051.html

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