Près de Paimpol, les poulets de David Labbé sont pesés grâce à des caméras et l’intelligence artificielle

David Labbé, éleveur à Plourivo a participé à l’expérimentation de Gwellit et Agri-food.ai pour la pesée de ses poulets grâce à une caméra et l’intelligence artificielle. ©Bertrand Dumarché

Et tout l’enjeu est là, « il faut connaître le poids théorique des animaux en fonction d’une courbe de référence ». La pesée est donc un outil essentiel pour la rémunération de l’éleveur. « D’abord, on ne doit pas sortir de l’écart, on doit avoir des lots homogènes et on doit tenir notre estimation. » Tout écart provoque des pénalités. Pas simple quand on sait qu’un poulet prend 100 g par jour dans la dernière semaine.

Dépasser les contraintes

Pour David Labbé, cette pesée doit donc être la plus précise possible. Aujourd’hui, l’éleveur utilise un plateau de pesée. « Les animaux doivent monter et descendre du plateau pour qu’une pesée soit validée. » À cela, il y a deux contraintes, il faut connaître le poids théorique des animaux à chaque stage du développement et ce système fonctionne par rapport à une courbe de référence.

La prédiction du poids reste complexe à réaliser (dépendance à la formulation de la nourriture, évènements sanitaires, évènements techniques). C’est là qu’intervient la solution proposée par Gwenaël Le Lay et la société hongroise Agri-food.ai. « Il s’agit de positionner une caméra dans l’élevage et grâce à l’IA, donner le poids des poulets à chaque stade de la croissance. »

Entraîner l’intelligence artificielle

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La caméra est facilement mise en œuvre et aucune image ne sort de l’élevage. ©Bertrand Dumarché

Gwenaël Le Lay a proposé à David Labbé, et à d’autres éleveurs, de tester sa solution. « Nous avons dû d’abord constituer un jeu de données de qualité. » Les animaux qui passaient sous la caméra étaient ensuite pesés manuellement et marqués. Le protocole d’essais en élevage a été répété sur 8 lots complets (40 à 45 jours) sur une seule souche génétique, Ross-308. « Nous avons réalisé six séquences de pesée tous les sept jours. À raison de 7 pesées par lot. Et cela a été croisé avec les vidéos, à 15 images par seconde. »

Avec ces données, la société hongroise a entraîné l’algorithme et créé des calques en fonction de la forme du poulet et donc de son poids. Résultat, « entre mes pesons et l’IA, on arrive aux mêmes résultats », souligne David Labbé qui se réjouit des chiffres et salut ce nouvel outil d’aide à la décision. « L’ambition est une prédiction à 50 g près du poids retenu en fin de lot », explique Gwenaël Le Lay.

Un système simple et léger

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Le système de pesée actuel est mécanique. ©Bertrand Dumarché

Le système de pesée par intelligence artificielle se distingue par sa légèreté et sa mobilité, permettant une installation et un déplacement faciles au sein du bâtiment d’élevage. Basé sur l’analyse d’images directement traitées dans le boîtier caméra, il garantit la confidentialité des données, aucune image ne sortant de l’exploitation.

Capable de prendre en compte plus de 500 animaux par jour, il offre un suivi de précision remarquable, avec un écart final compris entre 50 et 80 grammes par rapport au poids retenu à l’abattoir. « L’éleveur peut ainsi comparer en continu les résultats avec différentes références, qu’il s’agisse de données nutritionnelles, génétiques ou encore des performances de lots précédents. » Cette technologie, qui sera présentée au SPACE 2025, fera l’objet d’une offre commerciale permettant de tester la solution sur deux lots de volailles de chair.

L’enjeu de la précision

David Labbé est installé à Plourivo depuis 2009. D’abord en produisant du poulet export pour Tilly, puis, depuis 2014 du poulet lourd pour LDC. « J’ai 2 700 m2 de poulailler. Je produis 200 tonnes de céréales (blé, maïs, colza) sur 30 hectares. » Mais il consomme 1 500 tonnes, « ça fait 65 camions par an », à 400 € la tonne.

Une précision dont David Labbé est friand. Ici, tout est calculé à la virgule près. Indispensable quand il doit changer les pignons de ses bâtiments ou refaire la toiture pour y installer des panneaux photovoltaïques. Pas étonnant que la précision du poids de ses poulets soit une priorité.

Source : https://actu.fr/bretagne/plourivo_22233/pres-de-paimpol-les-poulets-de-david-labbe-sont-peses-grace-a-des-cameras-et-lintelligence-artificielle_63135661.html