Les cliniques vétérinaires se regroupent de plus en plus

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 Après les laboratoires d’analyse médicale, les pharmacies, les centres dentaires et ophtalmologiques, c’est au tour des cliniques vétérinaires de se consolider. Les grandes manœuvres ont commencé.

L’un des champions du marché en France, VetOne (51 cliniques), vient de changer de mains. Il a été racheté par l’un des leaders européens du secteur, IVC Evidensia, dont Nestlé est actionnaire minoritaire. Le fonds français TAHG (The Animal Health Group) en était propriétaire depuis sept ans.

VetOne, qui ne comptait qu’une dizaine de cliniques il y a quatre ans, s’est vendu au prix fort, l’opération valorisant l’entreprise autour de 300 millions d’euros, selon nos informations. À eux deux, VetOne et IVC compteront 155 cliniques et plus de 1 500 collaborateurs dans l’Hexagone. «L’objectif est d’affiner notre maillage du territoire dans certaines zones géographiques, de proposer davantage de services à nos vétérinaires et une offre plus segmentée à nos clients», explique Steve Rosengarten, président de VetOne.

C’est la deuxième étape de consolidation du secteur. Il y a cinq ans, la première avait vu l’entrée d’acteurs financiers au capital de plusieurs sociétés de cliniques vétérinaires, contribuant à la structuration de groupes à part entière, à l’image du fonds Platina, arrivé en 2018 au capital d’Univet. « L’opération entre IVC Evidensia et VetOne est le premier rapprochement d’ampleur entre acteurs en France, constate Franck Noat, associé au sein de la banque Alantra. Dans chaque entreprise, l’enjeu est désormais de renforcer les structures mutualisées qui ont été créées, de consolider les achats centralisés, mais aussi de recruter et former les vétérinaires, et d’être prêt à des acquisitions. Nous ne sommes encore qu’au début du processus par rapport à la Grande-Bretagne ou les pays nordiques.»

Là-bas, des fonds comme CVC – qui a racheté le groupe britannique Medivet- ont joué les consolidateurs. En France, où le modèle libéral reste dominant, seulement 11 % des vétérinaires travaillent au sein d’une dizaine de groupes intégrés, qu’il s’agisse des filiales des géants Nestlé (IVC Evidensia) ou Mars (Anicura), ou d’entreprises nationales (Univet, VetOne…). «La consolidation a été freinée par une interprétation de la réglementation française très contraignante, qui ne tient pas compte des évolutions récentes du secteur», déplore Emeric Lemarignier, président du syndicat professionnel Syngev, qui plaide pour une réforme.

Équipements onéreux

Univet ainsi qu’Argos pourraient être les prochains à changer de mains. «Ce mouvement va s’accélérer car il répond aux besoins des vétérinaires qui veulent se décharger du travail de gestion quotidien, et aux souhaits des jeunes, moins enclin à racheter des cliniques. Il permet aussi d’assumer des investissements de plus en plus lourds en équipement», ajoute Steve Rosengarten. Chez Anicura (400 cliniques en Europe), les investissements ont lieu dans les dix-huit mois qui suivent l’intégration d’une clinique. Six établissements (sur neuf) ont ainsi doublé de taille pour atteindre les 1 500 m2. La féminisation de la profession a également renforcé l’attrait du modèle de groupe intégré. Sur fond de pénurie de vétérinaires: un millier d’emplois par an ne sont pas pourvus.

Le marché vétérinaire reste très porteur avec une demande des propriétaires pour des aliments, des soins médicaux et des services de plus en plus sophistiqués. «Le Covid n’a fait que renforcer la place de l’animal dans la société», constate Charles Dubar, associé chez Platina, actionnaire majoritaire de Univet, qui vise une centaine de cliniques d’ici à la fin de l’année. Les progrès de la médecine animale ont également contribué à doper la demande. «On arrive aujourd’hui à une technicité très proche de la médecine humaine, avec l’apparition de spécialisations comme l’oncologie vétérinaire, les opérations à cœur ouvert, la neurologie ou encore l’ophtalmologie, ajoute Pierre Tardif, directeur général d’Anicura. Les cliniques ont besoin de s’équiper techniquement pour suivre. Cela demande des investissements très lourds.» Rien n’est trop beau pour la santé des animaux de compagnie.

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