On le subodorait, mais c’est confirmé : la disparition de l’agriculture et de l’élevage est programmée pour 2030. La décennie qui vient sera consacrée à la transformation progressive de la nourriture, grâce à la « fermentation de précision »
Dans un rapport de septembre 2019 intitulé « Repenser l’alimentation et l’agriculture, 2020-2030 », le think tank américain RethinkX annonce que « nous sommes à l’aube de la perturbation la plus rapide, la plus profonde et la plus conséquente » de l’histoire de l’agriculture. D’ici 2030, toute l’industrie laitière et bovine américaine se sera effondrée. Elle sera remplacée « par un modèle de Food as Software, où les aliments sont conçus par des scientifiques au niveau moléculaire et téléchargés dans des bases de données accessibles aux concepteurs d’aliments partout dans le monde ». Ce think tank destiné à orienter les investisseurs vers les secteurs de pointe ne lance pas un pari douteux.
Les investissements affluent dans les technologies alimentaires, des startups produisent déjà de la viande végétale ou à base de protéines cultivées dans des boîtes de Petri. Les produits de fausse viande sont commercialisés dans les grandes surfaces et les fast-food, y compris en France. Pour accroître les profits et aller plus vite, il est question de fabriquer la fausse viande par le biais d’imprimantes 3D. KFC a confié la réalisation du matériel pour ses faux beignets de poulets à une entreprise russe. La startup israélienne Redefine Meat est également dans la course pour les faux steaks. En arrière plan des startups se profilent les géants de l’agro-alimentaire (Unilever, Cargill, Tyson…), les GAFAM et les milliardaires de la Silicon Valley (Bill Gates, Richard Branson, ,Elon Musk, Jeff Bezos, Peter Thiel etc…).
On y trouve aussi Xavier Niel figurant désormais parmi les 10 premières fortunes de France, et qui a bien l’intention de se faire une place au soleil californien. « C’est aux entreprises de la Silicon Valley d’avoir peur, pas à nous. On va les tuer » déclarait-il en 2018, tout en suivant les traces des géants de la Silicon Valley. De fait, il investit de plus en plus dans l’alimentation technologique, un marché estimé à 140 milliards $ dans 10 ans. Kima Ventures, le fonds d’investissement qu’il a créé en 2010, soutient la startup 77 Foods qui fabrique du bacon à base plantes. Plus récemment, en 2019, il s’est lancé dans une pépite de la Foodtech, « Motif Ingredients », au côté de Jeff Bezos, Jack Ma, le colosse du négoce Louis Dreyfus Company et bien sûr de Bill Gates, en participant au fonds Breakthrough Energy Ventures. Car l’affaire est prometteuse, Motif Ingredients ambitionne de créer les ingrédients végétaux nécessaires à la fabrication de fausse viande, faux lait, faux oeufs…
L’intérêt soudain de Xavier Niel à la souffrance animale, au point de vouloir faire disparaître l’élevage, s’inscrit dans les pas des patrons de la Silicon Valley, avec une décennie de retard. « Mes enfants m’ont ouvert les yeux. L’insensibilité c’est l’horreur » a-t-il déclaré lors de la conférence de presse du 2 juillet dernier en présentant le référendum d’initiative populaire (RIP) en faveur de la cause animale. Même sentiment pour ses amis Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon qui participent au projet, au côté d’une vingtaine d’associations. On aimerait y croire. Les investissements dans la foodtech censée supprimer la « souffrance » des animaux de rente battent en brèche ces bons sentiments. Surtout lorsqu’il s’agit de tuer la concurrence de l’élevage, et de libérer 60% des terres qu’i
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