(Agence Ecofin) – Au Nigeria, l’élevage contribue à hauteur de 35 % du PIB agricole et fournit environ 37 % des protéines animales consommées. L’émergence des applications basées sur l’intelligence artificielle offre des solutions pour réduire l’impact des maladies animales sur la productivité du secteur.
Le Nigeria mise de plus en plus sur l’intelligence artificielle (IA) pour renforcer les performances du secteur de l’élevage. Le 4 juillet dernier, le gouvernement a en effet approuvé le déploiement d’une plateforme numérique intégrant l’utilisation de l’IA et conçue pour faciliter la détection précoce ainsi que la prise en charge des maladies touchant le bétail. Baptisé VetWiz 2.0, ce nouvel outil développé par l’entreprise Farm Innovation Nigeria, ambitionne de moderniser le secteur vétérinaire, particulièrement dans les zones rurales, en facilitant l’accès aux diagnostics et aux traitements.
D’après Chinwe Owhorji, directrice générale de Farm Innovation Nigeria, l’application accessible sur smartphone permet aux agents de terrain de diagnostiquer des symptômes, de recevoir des recommandations de traitement, de remonter les cas complexes vers des vétérinaires agréés, et d’accéder aux cliniques les plus proches.
« L’outil transmet des données en temps réel à des institutions telles que l’Institut national de recherche vétérinaire (NVRI), facilitant la surveillance, les analyses en laboratoire et l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. La technologie ne remplace pas les professionnels vétérinaires. Elle les soutient avec des analyses plus intelligentes pour de meilleurs résultats », soulignait pour sa part Olawale Arowolo, directeur technologique de la société.
Renforcement d’un écosystème dynamique porté par le secteur privé
Le lancement de VetWiz 2.0 s’inscrit dans la continuité d’une intégration progressive de l’intelligence artificielle dans la gestion de la santé animale au Nigeria. Cette plateforme vient ainsi renforcer un écosystème déjà en pleine effervescence, où plusieurs startups innovantes, présentes depuis plusieurs années, s’efforcent d’apporter des solutions efficaces pour soutenir la prise en charge et améliorer la prévention des maladies animales et les épizooties.
Parmi ces acteurs, Evet Africa fondée en 2021, propose depuis plusieurs années son application Vetable AI qui utilise l’intelligence artificielle pour diagnostiquer rapidement les maladies du bétail via smartphone, tout en offrant un réseau de cliniques physiques franchisées. D’autres initiatives telles que Doorcas Africa, créée en 2023, et Farmspeak Technology lancée en 2019, complètent cet écosystème par des services digitaux et des solutions intégrant l’Internet des objets, renforçant ainsi la prévention et le suivi sanitaire des élevages.
Un enjeu clé pour la sécurité alimentaire nigériane
D’après Samuel Anzaku, vétérinaire en chef au ministère fédéral du Développement de l’Élevage, une initiative comme celle de VetWiz 2.0 permettra de soutenir les décisions politiques fondées sur des preuves, de renforcer la surveillance épidémiologique et de prévenir les épidémies avant qu’elles ne se déclarent.
Ainsi, le développement et le renforcement des solutions basées sur l’IA suscitent l’espoir de déployer des stratégies de prévention et de contrôle sanitaire plus efficaces, permettant de limiter la propagation des épizooties grâce à des interventions rapides. Il convient de noter que les maladies animales représentent un lourd fardeau pour le cheptel nigérian, avec des conséquences économiques majeures affectant directement la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des petits éleveurs.
Une étude publiée en juin 2025 dans le Journal of Health, Population and Nutrition rappelle par exemple que la fasciolose bovine (maladie parasitaire causée par un ver plat) cause des pertes annuelles estimées à 26 millions de dollars, alors que la tuberculose bovine, la brucellose et la salmonellose représentent respectivement des charges économiques estimées à 2,9 milliards, 1,5 milliard et 3 milliards de dollars par an.
Ces maladies provoquent non seulement une baisse de la productivité animale, notamment en ce qui concerne la production laitière, mais elles engendrent aussi des coûts vétérinaires élevés.
Stéphanas Assocle
Édité par Wilfried ASSOGBA